Denys Tremblay se souvient

Denys Tremblay continue sa quête artistique. On voit ici un des tableaux - non achevé - qui sera présenté à l'occasion d'une éventuelle exposition.

Quinze ans après avoir abdiqué, le roi de L'Anse-Saint-Jean croit toujours que son oeuvre constituait un «geste important» dans l'histoire de la région. «Les bonnes idées ne peuvent pas mourir», soutient Denys Tremblay.


«Nous sommes nés dans un royaume qui a été transformé en région-ressource», clame celui qui a été connu à l'époque comme étant «Denys 1er». L'artiste n'écarte pas la possibilité que son oeuvre soit un jour complétée. «Ça prendrait un miracle, et les miracles arrivent seulement quand les gens croient. Moi, j'ai fait ce que j'avais à faire. Ç'a fait peur à beaucoup de gens; moi ce qui me fait peur, c'est que l'on devienne une région-ressource. Tous nos enfants partent. On a un destin, mais on le l'assume pas. Les gens de L'Anse ont été les premiers à l'assumer.»

Denys Tremblay explique que son approche artistique, qui l'a mené jusqu'au trône de L'Anse-Saint-Jean et qui a fait connaître le village partout à travers le monde, était inspirée par le deuxième voyage de Jacques Cartier.

«Nous sommes un Royaume. Lors du deuxième voyage de Jacques Cartier, il avait ramené deux Amérindiens pour les présenter à François 1er. Lorsqu'ils sont passés devant le Saguenay, les Amérindiens ont dit: "là il y a un royaume habité par des Blancs habillés de laine." C'est le mythe fondateur du Canada. (...) Si nous nous acceptions comme habitants d'un royaume plutôt que comme Géants ou Bleuets, nous affirmerions enfin ce que nous sommes.»

Lorsque Denys 1er a été choisi comme roi de L'Anse, par référendum, il devenait le premier de ce qui devait être une succession de rois, succession non héréditaire avec alternance. Il avoue d'ailleurs avoir été quelque peu surpris par les résultats du référendum, lui qui venait de s'acheter une maison à Falardeau, ce qui avait d'ailleurs soulevé l'ire de certains.

«D'après moi, ce que j'ai fait à L'Anse et ce que les habitants de L'Anse ont fait, ça demeure ma plus grande oeuvre. Les gens voient ça comme un échec, moi comme une réussite. Pendant trois ans, L'Anse-Saint-Jean a été un royaume. Ce n'était jamais arrivé auparavant, nous ne nous étions jamais si bien autoreprésentés, et je parle des Québécois au sens large.»