Une aide surprise de 10 000 dollars

Même si le théâtre québécois traverse une période de turbulence, le directeur artistique Benoit Lagrandeur, le président Pierre-Paul Legendre et la directrice générale Lyne L'Italien abordent avec confiance la 35e saison du Théâtre La Rubrique. En médaillon, la conseillère municipale Sylvie Gaudreault.

Certains entretiennent la culture de l'argent, alors que d'autres mettent de l'argent dans la culture. Toute politicienne qu'elle soit, Sylvie Gaudreault a montré où se trouvaient ses allégeances, hier, lors du 5 à 7 marquant les 35 ans du Théâtre La Rubrique et le lancement de la programmation 2013-2014.


«Je me souviens des débuts de la compagnie, de Denis Leclerc dans la pièce Album de famille, dont on vient de faire une lecture publique à laquelle j'ai assisté au Parvis. Ça m'a rappelé bien des souvenirs ", a raconté la conseillère municipale de Saguenay avant d'annoncer, avec l'accord de son collègue Réjean Laforest et du maire Jean Tremblay, le versement d'une aide ponctuelle de 10 000 $.

«Vous pouvez être fiers ", a lancé Sylvie Gaudreault qui, précisons-le, se trouvait dans la Salle Pierrette-Gaudreault de Jonquière, celle qui porte le nom de sa mère. Preuve que cette annonce était inattendue, le président du conseil d'administration, Pierre-Paul Legendre, est revenu sur la scène après le dévoilement de la programmation 2013-2014.

«C'est un soulagement incroyable que de recevoir un montant de cette importance. Je l'avoue sincèrement, je suis ébranlé ", a-t-il confié à la cinquantaine de personnes qui étaient venues célébrer l'anniversaire de la plus vieille troupe professionnelle du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Le théâtre en crise

Pour mesurer l'importance de la subvention accordée hier, il suffit de converser avec la directrice générale de La Rubrique, Lyne L'Italien. Elle qui n'est pas tombée de la dernière pluie, qui maîtrise l'art de couper les cents en quatre, affirme que le théâtre québécois traverse une mauvaise passe.

«Le milieu est en crise. À Ottawa, le Conseil des arts a coupé les subventions de 20%, en partant, avant d'examiner les demandes qui lui étaient acheminées. Le problème est qu'il y a de nouvelles compagnies, alors que la tarte est restée la même. À Québec, c'est pareil ", a décrit l'administratrice au cours d'une entrevue accordée au Quotidien.

Dans ce contexte, elle est quasiment heureuse de révéler que La Rubrique a évité le pire. L'enveloppe provenant d'Ottawa est restée à 60 000 $ par année, en vertu d'une entente renouvelée jusqu'en 2017. La compagnie aura été gelée pendant 12 ans, à ce moment-là, mais quand on se compare, on se console.

De son côté, le Conseil des arts et des lettres du Québec a maintenu l'aide à la production à hauteur de 135 000 $, tout en faisant passer de 60 000 $ à 70 000 $ la subvention rattachée à la diffusion de spectacles. " C'est particulièrement important dans le théâtre pour enfants, où on doit garder les prix bas. Même quand la salle est pleine, nous faisons un déficit ", explique Lyne L'Italien.

Elle devra gérer serré pour respecter son budget de 500 000 $, mais pas question de rogner sur les principes fondateurs de la compagnie. Ainsi, la pièce créée cette année, Les mains de Jonathan, ne flattera pas le public dans le sens du poil. " C'est notre rôle social que d'ouvrir la parole ", énonce la directrice générale, qui mise sur le texte de Jean-François Caron pour perpétuer cette noble tradition.