Comme chez lui dans une église

Gregory Charles a commencé la soirée avec un court monologue sur son enfance, quand il jouait de l'orgue à l'église, les jambes trop courtes pour que ses pieds touchent aux pédales.

C'est une rencontre classique et populaire qu'a proposée Gregory Charles, hier soir, dans un spectacle intimiste présenté à l'église Notre-Dame de Laterrière à l'occasion du 7e Rendez-vous musical. Seul au piano, l'artiste nous a invités dans son enfance, dans les foyers pour personnes âgées, au Centre Bell et dans des recoins de l'histoire de la musique où se côtoient le classique et le populaire.


Il n'y a que Gregory Charles pour s'installer au piano en vous chantant La voix que j'ai de Jerry Boulet en vous expliquant que la musique de cette chanson est inspirée et construite sur le mouvement de l'Ave Maria de Franz Schubert. Il en remet en nous racontant que la chanson du palmarès de 1961 d'Elvis est inspirée de la pièce O sole mio publiée en 1898.

« Le thème de la soirée sera de vous démontrer que plusieurs pièces de musique populaire sont inspirées de la musique classique. Je vais faire la démonstration de ce que sont les 99 % des jeunes qui étudient la musique classique et qui ne le font plus à l'âge adulte », a confié l'artiste qui, à la blague, ce qui est la réalité, avouant ne plus jouer de musique classique depuis 20 ans.



« J'ai accepté l'invitation du Rendez-vous musical de Laterrière en l'honneur de ma mère qui est hospitalisée, souffrant de la maladie d'Alzheimer. Elle ne me reconnaît plus. C'est grâce à elle si je suis sur scène aujourd'hui alors qu'elle m'obligeait à jouer du piano dans mon jeune âge en livrant un combat quotidien pour s'assurer que je ne me défilerais pas. C'est en l'honneur de celle qui n'a pas reçu d'applaudissements, mais qui est à l'origine de ce que je suis », a lancé avec émotion Gregory Charles en début de spectacle.

Il se sentait chez lui dans une église. Le piano installé près de l'autel, à la place du banc du célébrant, avec comme éclairage les plafonniers lumineux de la nef. Il a commencé la soirée avec un court monologue sur son enfance, quand il jouait de l'orgue à l'église, les jambes trop courtes pour que ses pieds touchent aux pédales.

Il raconte les soirées musicales que sa mère organisait à la maison et que, même si les chansons grivoises ne faisaient pas partie du répertoire de la famille Charles, il s'est permis de chanter La truite de Schubert. Un beau moment de la soirée que les 550 spectateurs sur place ont apprécié malgré la chaleur et les bancs de bois d'une église non climatisée.

Il s'est ensuite amusé à raconter les récitals qu'il donnait dans les foyers de personnes âgées alors que les gens lui demandaient de jouer des chansons comme L'hymne à l'amour de Piaf ou Partons la mer est belle qu'il entonne, mais qu'il laisse terminer par les gens dans la salle.



Il a surpris bien des gens en jouant des pièces de musique classique en expliquant que tel mouvement a inspiré telle chanson populaire qu'il se mettait à fredonner tout en expliquant la mélodie. Des comptines pour enfants comme Frère Jacques (que la foule a chanté) ou la musique du film Les dents de la mer, Jaws, sont aussi issue des grands classiques du siècle dernier.

Gregory Charles a tenu la foule en haleine jusqu'à la toute fin du spectacle quand il a remercié les spectateurs de leur écoute et leur attention. Le public n'a pas décroché de la soirée. Il a fait des liens avec la Sonate à la lune de Beethoven et le fameux Happy birthday.

Dommage que ce spectacle unique n'ait pas été enregistré sur vidéo. Le Rendez-vous musical de Laterrière nous a montré un Gregory Charles heureux, content de faire partie d'une programmation de haute qualité qui s'est amusé comme au temps où il jouait du piano sur les genoux de sa mère.