Lorsqu'on lit Ramona, la nouvelle qui aura permis à Esteban Gonzalez de remporter la première place du Prix du Récit Radio-Canada 2013, on découvre non seulement un récit fascinant et marquant, mais aussi, un auteur dont l'humanité imprègne chacune de ses phrases. Chronique d'un jeune homme confronté à l'absurdité du destin lors du tragique tremblement de terre ayant eu lieu au Chili en 1985, Ramona fait partie de ces photographies en retard qui s'inscrivent à jamais dans l'imaginaire du lecteur.
Visiblement étonné par la pluie d'éloges à son égard au cours des dernières heures, Esteban Gonzalez voit modestement cette victoire comme une bonne tape sur l'épaule. L'homme qui enseigne la biologie au Cégep de Jonquière depuis 2009 commence à croire en la possibilité de pouvoir publier un premier livre. Avec un tel prix en poche, gageons que les portes s'ouvriront plutôt aisément. Ne manque plus qu'un élément crucial afin de donner vie à ce projet. «Si je n'avais pas encore fait de démarches en ce sens, c'était jusqu'ici une question de temps, car je ne suis pas du domaine de la littérature, d'expliquer Gonzalez. Comme je suis biologiste de formation, cette profession a nécessité beaucoup de travail et d'efforts. Mais là, je crois que je vais faire en sorte de trouver un peu de temps pour écrire.»
Arrivé au Canada en 1992, Gonzalez a appris la langue française comme langue seconde. À son humble avis, de ne pas avoir la langue française comme langue maternelle a peut-être joué en sa faveur dans le contexte du récit de Ramona. «C'est une écriture simple et en plus, c'est le regard d'un enfant. Il fallait donc que j'entre dans la perspective de cet enfant. Comme j'ai un garçon de trois ans, ça m'a aussi amené à jeter un nouveau regard sur la vie. Et pour ma part, je n'ai pas beaucoup de photos de moi qui datent de lorsque j'étais enfant. Il y a peut-être un an, je suis tombé sur une photo de mon enfance et pendant trois secondes, je croyais qu'il s'agissait de mon fils. Ça a réveillé beaucoup de souvenirs et ensuite, je suis parvenu à les séquencer. Ça m'a aussi donné le goût de simplifier mon écriture en enlevant par exemple les mots scientifiques. Et j'en dois aussi une à ma collègue Hélène Arsenault qui m'a beaucoup aidé lors de la relecture.»
Sinon, la genèse de Ramona découle aussi du métier d'enseignant de Gonzalez. En effet, après avoir constaté que le mot «panique» était omniprésent dans les propos de ses étudiants et de ses collègues, Gonzalez s'est demandé s'il avait déjà ressenti ce sentiment au cours de son existence. «Je me suis finalement rendu compte que j'avais déjà vécu la panique. Dans un tremblement de terre, tout le monde panique. Surtout moi, car j'étais enfant. Ensuite, j'ai eu souvenir de ce petit oiseau blessé que j'avais nommé Ramona. Mais le plus grand défi a été d'équilibrer le tout: l'histoire du petit oiseau blessé dont nous prenions soin en opposition avec le tremblement de terre ou la candeur reliée à l'enfance en contraste avec la peur et la tragédie, etc.»
Le Prix du Récit Radio-Canada a bénéficié d'un jury de trois personnes composé de Catherine Voyer-Léger, d'Yves Beauchemin et d'Hervé Bouchard. Pas moins de 512 textes y ont été soumis. M. Gonzalez recevra la somme de 6000$, offerte par le Conseil des arts du Canada, ainsi qu'une résidence d'écriture de deux semaines à Banff.
Ramona d'Esteban Gonzalez est disponible sur le site web de Radio-Canada.
En attendant impatiemment un premier livre...