Après un premier gain devant l'arbitre Daniel Gagnon qui obligeait Résolu à respecter l'ancienneté des propriétaires de machineries forestières, le Local 3000 a enregistré une nouvelle victoire. Le juge Roger Banford a rejeté la demande de révision judiciaire déposée par Résolu qui considérait que l'arbitre n'avait pas juridiction sur les relations contractuelles entre la papetière et les entrepreneurs.
«Le juge Banford a confirmé notre interprétation de l'entente de 2010 pour le respect de l'ancienneté des entrepreneurs forestiers qui sont aussi des salariés. Le juge a aussi reconnu la façon de faire par le passé qui consistait à offrir par ancienneté le travail aux entrepreneurs. C'est une victoire importante qui nous permet d'entreprendre des négociations au cours des deux jours qui viennent», a déclaré le vice-président du SCEP, Renaud Gagné, qui pilotera la discussion avec les représentants patronaux à Saint-Félicien.
Après une première décision favorable, la papetière avait accepté de tenir compte de l'ancienneté des entrepreneurs, et ce, jusqu'en 2014. Il y avait un blocage pour le futur en raison de la contestation devant la Cour supérieure. Aujourd'hui, Renaud Gagné estime tout à fait normal d'espérer négocier une solution qui va venir à échéance sensiblement dans le même temps que les autres conventions collectives.
«Quand on veut de la relève et que des personnes acceptent d'acheter de l'équipement qui vaut des millions de dollars, il faut leur offrir une certaine stabilité. Nous sommes conscients que lorsque les volumes de bois disponibles diminuent, des entrepreneurs sortent au bout du système, comme ce fut le cas lors de la diminution de la possibilité forestière en 2008. C'est la logique qui parle. Mais il n'est pas question de mettre de côté les principes qui guident les conventions et la façon de faire pour ces entrepreneurs», reprend le leader syndical.
Le grief visait spécifiquement les entrepreneurs forestiers affectés à l'abattage. Renaud Gagné aimerait bien que, par extension, l'entreprise accepte d'appliquer ces décisions pour d'autres types d'entrepreneurs qui détiennent également des statuts de salariés. C'est le cas pour les camionneurs qui transportent le bois avec des véhicules hors route entre les sites d'abattage et les usines de sciage.
Forum Boréal
Dans le cadre de la tournée Forum Boréal réalisé par Richard Garneau, le leader régional de la FTQ, Jean-Marc Crevier, avait offert à la papetière la politique de la «main tendue».
Selon Renaud Gagné, il y a effectivement une volonté des travailleurs de soutenir leur industrie dans tous les grands débats qui mettent en évidence les groupes environnementaux, mais il doit y avoir un véritable partenariat. Il estime que le résultat de la négociation qui débute ce matin permettra de juger de la volonté de la papetière de recréer les ponts avec des gens qui travaillent sans ménager les efforts depuis des années dans des conditions souvent difficiles.
Le SCEP est tout de même conscient de la problématique de la mise aux enchères de 25% des approvisionnements forestiers. Le syndicat a déjà vécu des situations explosives par rapport à cette réalité.
«Dans le même camp forestier, vous avez des travailleurs affectés à la récolte du bois compris dans les garanties d'approvisionnement qui sont couvert pas l'assurance collective. À la même table, d'autres travailleurs récoltent des volumes mis aux enchères pour un entrepreneur qui le vend à la même compagnie et ils ne sont pas couverts par l'assurance collective. On a eu beau l'expliquer à la ministre Martine Ouellet, elle refuse d'intervenir.»