Les effets de Saint-Nicéphore

En 2007, rappelle Lucien Boily, président de la RMR du Lac-Saint-Jean, un long processus de fermeture a été mis en branle pour le site de L'Ascension, dans l'optique de respecter l'échéancier prévu. À quelques mois de la date fatidique, faire marche arrière engendrerait des coûts astronomiques.

Le cabinet du ministre Yves-François Blanchet est catégorique: la cible «Enfouissement zéro» pour 2020 doit être atteinte. De toutes les options, Québec privilégie la biométhanisation et le recyclage pour arriver à ses fins.


Le titulaire du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, vient en effet de réaffirmer sa position en refusant l'expansion du site de Saint-Nicéphore, dans le secteur de Drummondville. Cette décision survient alors que la Régie des matières résiduelles du Lac-Saint-Jean projette d'aménager un nouveau lieu d'enfouissement technique à Hébertville-Station, dont la durée de vie est évaluée à plus de 40 ans.

Dans un communiqué daté du 10 juin dernier, le ministre Blanchet insiste sur la nécessité de trouver d'autres options que celle de l'enfouissement.

Gestionnaire du LET de Saint-Nicéphore, la compagnie Waste Management prévoyait accroître de 14,2 millions de mètres cubes la capacité d'enfouissement du site. À un rythme de 600 000 tonnes par année, il s'agissait de l'équivalent de deux décennies d'opération.

BAPE

Au terme d'audiences publiques, le BAPE avait recommandé que Québec autorise la compagnie à poursuivre ses activités pour dix ans plutôt que vingt. L'organisation donnait cependant son aval à l'agrandissement du site.

Le ministre s'est toutefois montré plus intransigeant: une augmentation temporaire de la capacité du site, mais pas d'agrandissement. «L'objectif est clair et non négociable: mettre fin à l'enfouissement des matières résiduelles en maximisant le recyclage, la biométhanisation et le compostage, solutions de rechange auxquelles des centaines de millions de dollars sont consacrés par le ministère que je dirige, ou en appliquant toute autre solution alternative environnementale», exprime-t-il.

Jointe hier, l'attachée du ministre Blanchet, Catherine Salvail, a réitéré la ligne directrice du gouvernement en précisant toutefois que chaque projet doit être analysé de façon individuelle, en tenant compte des spécificités qui lui sont propres.

«L'objectif de zéro matière organique enfouie en 2020 demeure, mais cela ne détermine pas les recommandations que fera le BAPE ou les décisions qui s'en suivront. Le dossier qui vous touche plus spécifiquement en est un particulier, d'une région tout à fait différente, il est donc impossible de tirer quelque conclusion que ce soit par rapport à la décision prise à Saint-Nicéphore», a-t-elle signifié.

Utopie

Invité à commenter la position ministérielle, le président de la RMR du Lac-Saint-Jean, Lucien Boily, soutient que celle-ci est utopique et qu'ultimement, il restera toujours des déchets à enfouir.

«On a beau avoir toute la bonne volonté du monde, il reste que zéro enfouissement pour 2020 est une idée utopique. J'ai toujours dit que le ministère emploie des mots trop forts pour traduire la réalité. On est prêt à essayer, à faire tout ce qu'ils demandent, mais au bout du compte l'objectif demeure irréaliste», exprime Lucien Boily.

Selon lui, l'exploit sera considérable si la RMR réussit à réduire le tonnage d'enfouissement à 30 000 tonnes pour le Lac-Saint-Jean à l'intérieur des sept prochaines années. À l'heure actuelle, on collecte annuellement quelque 70 000 tonnes de matières résiduelles sur le territoire jeannois.

Mst-Hilaire@lequotidien.com