La violence commence au secondaire

Kathleen Belley, travailleuse sociale et responsable du plan d'action de prévention de la violence pour la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay, trouve encourageant que les jeunes puissent reconnaître la violence.

La violence au sein des couples commence aussi tôt qu'au secondaire. Au moins une fois au cours de l'année précédant l'enquête, 35% de filles et 24% de garçons ont déclaré en être victimes dans le cadre de leurs relations amoureuses.


Ces données sont tirées de l'Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (tome 2). Elle a été menée entre novembre 2010 et mai 2011 auprès de 63 196 jeunes de la 1re à la 5e année du secondaire, dont 3482 élèves de la région.

«Les jeunes peuvent être violents dans leurs propos, dans leur langage, mais souvent, ils ne s'en rendent pas compte. Ils ne savent pas c'est quoi» explique Kathleen Belley, travailleuse sociale et responsable du plan d'action de prévention de la violence pour la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay.



«Mais ce que j'aime des résultats, c'est que les jeunes reconnaissent la violence. Ils sont capables de dire qu'ils en ont été victimes ou qu'ils en ont fait.»

Selon Mme Belley, les filles sont plus émancipées que les garçons, et ce, plus tôt, ce qui pourrait expliquer la différence (35% contre 24%) entre eux.

«Les relations commencent plus tôt pour les filles. Il n'est pas rare de voir une fille de secondaire I ou II avec un garçon de secondaire III ou IV, tandis qu'il n'est pas fréquent de voir un jeune homme de secondaire I avec une fille plus vieille», met-elle en relief.

Type de violence



Selon les résultats de l'étude, la violence psychologique est la plus fréquente, touchant 25% des filles et 18% des garçons. La violence physique affecte quant à elle une proportion égale de filles et de garçons, soit 12%, et la violence sexuelle a touché 11% de filles et 6% de garçons.

Ce sont les filles qui infligent le plus de violence dans leurs relations amoureuses, dans une proportion de 35%, comparativement aux garçons avec 18%. Cette différence est aussi marquée pour la violence psychologique (23% contre 16%) que physique (21% et 4%).

«La violence psychologique engendre un sentiment de culpabilité chez l'autre, touche à l'estime de soi, l'image. Souvent, les victimes sont déjà fragiles, ajoute Mme Belley. Les mots blessent souvent plus que les ''taloches''. Ils isolent, ce qui diminue les contacts. L'agresseur se nourrit de la victime.»

Selon Kathleen Belley, si les jeunes sont capables de reconnaître la violence et de la dénoncer, ils sont capables de s'en sortir. Mais les «silencieux», et il y en a sûrement, croit-elle, restent pris dans ce fléau.

Relations sexuelles

La violence se fait également sentir dans les relations sexuelles puisque 9% des filles et 3% des garçons affirment avoir déjà eu au moins une relation sexuelle forcée au cours de leur vie.



«Dès que ça ne te tente pas, que c'est forcé, c'est une agression», mentionne Mme Belley.

Mais attention! La violence sexuelle dépend toujours du contexte. Ce n'est pas parce qu'il n'y avait pas d'intérêt que la personne a nécessairement fait part de ses sentiments.

«Il y a peut-être des jeunes qui disent avoir eu une relation sexuelle forcée, mais qui ne l'ont pas nécessairement dit. Il faut dire non, poser un geste, repousser l'autre.»