À l'heure des choix: les emplois ou le caribou?

Dès qu'un PDG d'une multinationale ou des gens d'affaires ouvrent la bouche, ils sont considérés comme suspects. Leur intention est rarement perçue comme louable. Tout ce qu'on voit, ce sont des capitalistes qui carburent au signe de «piasse». On leur reproche d'être obnubilés par le discours de l'économie et de ne pas respecter le milieu dans lequel ils vivent. Imaginez quand celui qui parle est le grand boss de Produits forestiers Résolu, Richard Garneau! Le passé de la compagnie est tellement pitoyable et les blessures si profondes que, dès qu'il s'adresse à nous, on devient soupçonneux. Cette fois-ci, on aurait intérêt à l'écouter. C'est l'avenir de notre industrie forestière qui se joue.


<p>Chris Hadfield</p>

Chris Hadfield

(Photo Gesca)

Par une drôle de coïncidence, pendant que Richard Garneau lançait son grand Forum boréal, le Cercle de presse recevait le président du Conseil du patronat du Québec, Yves-Thomas Dorval. Et tous les deux ont ciblé l'influence considérable du mouvement écologiste auprès de la population. Celui-ci a reconnu que les groupes de pression avaient doublé les gens d'affaires et que ces derniers devraient revoir leur mode de communication s'ils souhaitent que leur message passe.

Parce que la vérité, aujourd'hui, sort de la bouche des «verts». Ils font de la politique autrement. Ils sont actifs dans les médias sociaux. Tout ce qu'ils disent est devenu parole d'évangile.



Ayatollahs

Avec son Forum boréal, Richard Garneau a choisi de faire les choses autrement. Il est le premier PDG à avoir convié les citoyens à un important exercice de communication sociétale. Pour leur dire quoi? Que l'industrie forestière vivra encore des soubresauts, que des emplois sont sérieusement menacés et que les pressions sont tellement fortes qu'il est de plus en plus difficile de développer l'industrie forestière pour qu'elle soit rentable et prospère.

Un document d'information objectif, réalisé par des scientifiques, est très explicite. Si les gens veulent encore vivre de la forêt, il faudra diminuer les ardeurs des «Ayatollahs» de l'environnement. C'est aussi simple que ça. Le message est clair, sans faux-fuyants. Ils ne pourront pas dire qu'ils ne savaient pas à quoi s'attendre quand les emplois commenceront à disparaître. Richard Garneau les aura informés.

Caribou



Un exemple concret: Résolu vise 12 pour cent d'aires protégées. Certains groupes écologistes voudraient même atteindre 50 pour cent et plus. La question se pose. Est-ce qu'on choisit de protéger le caribou, une espèce dont on ignore si elle est vraiment vulnérable, ou les emplois?

Une réduction de 20 pour cent de la capacité forestière pour protéger le caribou, comme le réclame Greenpeace, représente la fermeture d'une scierie au Lac-Saint-Jean. En Ontario, un projet a été écarté pour qu'il y ait plus de protection et, forcément, les emplois qui vont avec. Est-ce le choix qu'on veut pour la région?

Gouvernement

Le message s'adresse aussi au gouvernement qui a réduit les approvisionnements en plein pendant un cycle économique problématique. Dans le moment, on note une reprise économique aux États-Unis, mais il sera difficile d'en profiter, car le marché du bois disponible est limité. Les chiffres sont explicites: une réduction de 1,6 million de mètres cubes de bois à couper sur l'ensemble de la forêt boréale canadienne représente la disparition d'environ 5400 emplois. Résolu craint les nouveaux chiffres du Forestier en chef qui seront dévoilés d'ici à la fin du mois. La rumeur laisse entendre une diminution supplémentaire de 15 pour cent.

Dans la région, des citoyens, des travailleurs ainsi que des représentants du Forestier en chef, des groupes écologistes et du gouvernement ont participé au Forum boréal pour entendre le grand patron de Résolu. Je ne suis pas partisane des «réunionnites», mais il n'empêche que les signes les plus significatifs sont venus du représentant de la FTQ, Jean-Marc Crevier, qui a tendu la main en suggérant la création d'un comité de travail pour tracer les voies d'avenir, ainsi que de la Chambre de commerce et d'industrie de Roberval qui veut réhabiliter le «Jeannois boréal» parce que c'est la survie des régions-ressources qui se joue.

Pendant qu'il était dans l'opposition, le député Denis Trottier a critiqué durement les libéraux sous prétexte qu'ils ne faisaient rien pour la forêt. Reste à voir maintenant quel comportement il adoptera devant un scénario aussi pessimiste quand on sait que la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, est plus près des écolos que de l'industrie.



Bons coups

Le syndicaliste Crevier a définitivement mis le doigt sur le bobo. Les plaies nous aveuglent tellement qu'on n'est plus capables de voir les bons coups de la compagnie. Or, de deux choses l'une. Ou l'on recommence à neuf avec Résolu et l'on reconnaît que le développement durable ne passe pas juste par les lubies des écolos, mais aussi par le développement économique et social ou l'on continue à entretenir notre amertume. Dans ce cas, notre région se distinguera par le nombre de personnes âgées au kilomètre carré.

UN HOMME D'EXCEPTION

Grâce à l'astronaute Chris Hadfield, ce communicateur exceptionnel, on comprend mieux toute l'importance des scientifiques dans notre vie. Quelle belle inspiration !