Se libérer du poison de l'intimidation

Annie Gagné a pointé l'intimidation comme cause du suicide de sa filleule, survenu dimanche.

Une jeune fille de 14 ans s'est enlevé la vie dimanche à Jonquière. Un suicide directement lié à l'intimidation dont elle était victime depuis plusieurs mois, dénonce la marraine de l'adolescente, Annie Gagné.


Rencontrée hier, la dame tenait à parler publiquement du drame pour que la mort de sa filleule ne soit pas vaine.

«Ce n'est pas vrai qu'on va laisser faire ça. Il faut en parler et se libérer du poison qu'est l'intimidation», lance d'emblée Mme Gagné.



Cette dernière s'était déplacée hier soir au Patro de Jonquière où quelques jeunes s'étaient réunis pour parler de l'événement tragique. Elle a déploré le fait que l'intimidation n'a jamais réellement cessé, que ça soit à l'école ou à l'extérieur.

«Il y a eu des événements qui se sont passés avec d'autres jeunes qui ne lâchaient pas ma filleule. Ça n'arrêtait pas. Ma soeur (la mère de l'adolescente) ne savait plus quoi faire. Elle l'a même sortie de l'école pendant plusieurs mois», ajoute Annie Gagné, tiraillée entre la rage et la peine.

Selon les dires d'une travailleuse de rue rencontrée hier, plusieurs jeunes parlaient en mal de la victime. Ses relations amoureuses et sa différence alimentaient les railleries.

Un incident plus important s'est produit il y a quelques mois à l'intérieur de la polyvalente. Les jeunes impliqués ont tous été rencontrés et les sanctions appropriées ont été données, confirme la Commission scolaire de La Jonquière. Une intervention jugée insuffisante par la marraine.



«Il faut écouter davantage les jeunes. On va se rendre à combien de suicides pour que ça s'arrête? Il ne faut plus que ça arrive ce genre de chose. Les jeunes doivent arrêter de pousser les autres au désespoir», souhaite la marraine.

Cette dernière espère que les policiers de Saguenay mèneront l'enquête pour déterminer les circonstances qui ont mené sa filleule à commettre l'irréparable.

Du côté de la Commission scolaire (CS) de La Jonquière, les premières pensées vont à la famille et aux proches de la jeune fille.

«Comme institution, nous sommes ébranlés. L'équipe d'intervention a rapidement été déployée ce matin (hier) afin d'accompagner les élèves et les membres du personnel. La priorité, c'est d'offrir le soutien à ceux qui le désirent», indique Christian St-Gelais, secrétaire général à la CS.

«Les experts disent que le suicide est une réalité complexe, qui implique des facteurs multidimensionnels. Et c'est dans la nature humaine de vouloir trouver des réponses. Mais face à un tel drame, on est convaincu qu'il faut faire preuve de pudeur et ne jamais tirer de conclusions trop hâtives.»

Protocole oblige, la Commission scolaire mènera une enquête interne.



«Mais honnêtement, j'ai bien peur que davantage de questions que de réponses soient trouvées», laisse tomber M. St-Gelais, également responsable de la Loi 56 sur l'intimidation et la violence à l'école.

Dévoilée il y a quelques jours, une étude menée par l'Institut de la statistique du Québec a révélé que deux garçons sur cinq (38%) et une fille sur cinq (26%) disent avoir été victimes de violence à l'école ou sur le chemin de l'école dans la région.