Le Québec se fait damer le pion

Une entreprise autrichienne vient d'annoncer un investissement de 250 M$ dans la construction d'une usine de fabrication de poutrelles de bois lamellé-collé dont 80% de la production sera exportée au Japon. Pourquoi le Québec n'a-t-il pas été en mesure d'identifier cette opportunité?


La question a été soulevée par l'ingénieur forestier Hervé Deschênes dans le cadre de la journée annuelle tenue par l'organisme Alliance Bois, dont la mission consiste à soutenir les initiatives permettant d'appuyer le développement de cette filière économique qui se relève péniblement de la crise. Avec la lumière que l'industrie vivait un début de relance, les entreprises forestières ont vu les prix chuter de nouveau, hier, mais la reprise économique semble se solidifier aux États-Unis.

Le conférencier a quand même rappelé que l'industrie sera soumise à des pressions, au cours des prochaines années, en raison des changements structurels qui se confirment. L'industrie du bois d'oeuvre a toujours été dépendante de la vente des sous-produits pour générer des profits intéressants, mais la fin de l'ère du papier d'écriture dans les pays occidentaux obligera les entreprises à trouver de nouveaux marchés.



Même les marchés traditionnels sont menacés. À titre d'exemple, le plastique est en train de percer le marché relativement à la construction de balcons et terrasses, comme on découvre aussi de nouveaux matériaux dans l'industrie de la manutention.

Si le bois a la vie dure dans certains marchés, il trouve d'autres niches. C'est le cas au Québec depuis cette semaine alors que Québec accepte la construction d'immeubles jusqu'à six étages en structures ajourées ou d'ingénierie.

«Le Québec remplace aussi chaque année 20 000 ponts de petite et moyenne taille. C'est aussi un marché si l'on considère que notre voisin immédiat, l'Ontario, doit aussi procéder au remplacement du même nombre de ces structures», ajoute Hervé Deschênes.

Les entreprises devront adapter leur approche dans tout le volet de la vente et du marketing. Selon Hervé Deschênes, il est primordial que les entreprises développent une stratégie de communication pour vendre des connaissances en même temps que le matériau.



La reprise de la construction résidentielle aux États-Unis va évidemment permettre aux industriels de respirer et de regarnir les coffres des entreprises. La pression à la hausse sur le sciage va toutefois générer une augmentation de production de copeaux. Il suffit de mentionner que la production de 1000 pmp génère une tonne de copeaux qui est vendue entre 90$ et 100$.

Hervey Deschênes croit que la filière énergétique doit sérieusement être prise en compte pour parvenir à compenser pour la perte du marché des résidus. Il inclut dans sa proposition la récolte de biomasse forestière.

De la Colombie-Britannique vers la Chine

Pour revenir à la question de départ sur les marchés à exploiter, le représentant de FP Innovation a fait état des exportations massives de bois de la Colombie-Britannique vers la Chine. Cette province a depuis déjà quelques années pas moins de 70 représentants qui développent ce marché spécifique. L'an dernier, le même ministère a décidé de dépêcher des représentants en Inde, qui aura bientôt d'immenses besoins en matière de construction résidentielle.