Et pourtant, l'hommage avait bien mal commencé. On se serait passé de l'introduction qui paraissait totalement improvisée de Marc Messier, un malaise interminable. C'est à se demander si on avait fait une répétition avant le gala. Heureusement, un montage d'extraits des films de Côté et de témoignages de ses amis a remis l'hommage sur les rails.
Et dire que ce grand acteur n'avait jamais pensé jouer au cinéma, son rêve étant de gagner sa vie au théâtre. Profitant sûrement de la présence du ministre du Patrimoine canadien, James Moore, dans la salle, il y est allé de cette ode au septième art : «C'est aussi par son cinéma qu'on mesure l'évolution d'un pays, pas seulement par son escadrille de F35.»
Comme Rémy Girard plus tôt, il n'a pu éluder la question des recettes décevantes de notre cinéma. «Comment ça se fait qu'on soit aussi peu curieux de voir nos films?» a-t-il demandé, souhaitant d'autres bons films qui sauront nous émouvoir, mais «nous faire rire aussi, c'est pas péché».
Rémy Girard, qui avait animé le tout premier gala en 1999, a commencé la soirée en disant qu'il n'avait jamais gagné de Jutra. Je serais étonné qu'il gagne un Gémeaux pour sa prestation d'hier soir. Quant aux textes de présentation, ils manquaient résolument de mordant. Ce n'est pas avec ça que le public va se ruer pour voir nos films.
Ce gala aura été un condensé de multiples malaises pas du tout agréables. Malaise durant le numéro de Clémence Desrochers et Rita Lafontaine, réunies pour leur prestation dans La grande séduction. Aucune des deux n'était capable de prononcer le nom de Serge Kanyinda, gagnant du Jutra du rôle de soutien pour son rôle dans Rebelle. Mesdames, une liste de nominations, ça s'exerce avant d'aller au micro. Gênant.
On a bien pensé que la jeune Rachel Mwanza (Rebelle) allait tomber dans les pommes en recevant son trophée, sans mot devant cet honneur. J'attendais, en vain, que le public applaudisse pour lui transmettre un peu d'inspiration. Content de voir Julien Poulin monter sur scène pour son rôle dans Camion de Rafaël Ouellet.
Tout n'était pas mauvais dans cette fête du cinéma. On a fait le plein d'énergie avec la prestation croisée de Qualité Motel, Galaxie et Radio Radio, d'inspiration hockey. Beau flash de demander au réalisateur et directeur photo André Turpin et à la comédienne Isabelle Blais une démonstration sur scène de l'éclairage d'un film. C'était court et révélateur. Autre excellente idée de transformer le silencieux film La neuvaine de Bernard Émond en blockbuster, et, de façon moins efficace, Bon cop bad cop en film d'auteur. Toujours efficace ce bon vieux procédé d'inclure un acteur dans une scène de film, en l'occurrence Didier Lucien, en pleine forme, apparaissant tour à tour dans C.R.A.Z.Y., Rebelle et même Aurore l'enfant martyre.
Le faible succès de nos longs métrages aura souvent été évoqué hier soir. «Faire des films, c'est pas un simple exercice comptable, tout le monde le sait. C'est pas non plus pour assouvir des ambitions narcissiques, c'est plus grand que ça», a lancé Rémy Girard en début de soirée.
Au fait, avez-vous vu Rebelle? Sa victoire donnera sûrement envie à plusieurs de voir ce film de Kim Nguyen, le bon point du gala. Encore faut-il qu'il ait été vu, la soirée rivalisant hier soir avec le premier direct de La voix à TVA...