C'est le 20 février que le Centre équestre Bédard Quarter Horse (BQH), situé dans le rang Saint-Joseph à Chicoutimi, a remarqué des anomalies chez Conquête, une jument en pension. Elle présentait des troubles de santé. « Elle avait de la misère à se lever », se rappelle Laurie Michaud qui est instructeure au Centre.
Arrivée sur les lieux, la vétérinaire Nathalie Bédard constate que l'état de santé de l'animal, qui représente des troubles neurologiques, se détériore rapidement. « Pendant qu'elle était encore capable de marcher et de se tenir sur ses pattes, j'ai proposé qu'on la reconduise à Saint-Hyacinthe », explique Dre Bédard. En moins de 24 heures, Conquête est si mal en point que les vétérinaires de Saint-Hyacinthe décident de l'euthanasier.
Après analyses, on conclut que la jument de 12 ans est morte de l'herpès équin neurologique, une forme très rare, aux dires des vétérinaires qui retrouvent plus souvent la forme respiratoire et abortive (provoque l'avortement). Puisque c'est un virus extrêmement contagieux, l'hôpital de Saint-Hyacinthe a mis l'animal en isolation, mais n'a pas eu besoin de recourir à la quarantaine, explique le vice-doyen aux affaires cliniques, le Dr Pascal Dubreuil. Les clients de l'hôpital n'ont pas à s'inquiéter, il n'y a pas eu de contact avec d'autres animaux ni avec les autres aires.
« Certains chevaux peuvent être des porteurs sains et développer l'herpès après un stress », poursuit la vétérinaire de la Clinique vétérinaire Sagamie.
Au Centre BQH, il fallait agir rapidement afin de prendre en main la situation et éviter la panique parmi les cinquante pensionnaires. Puisque ce virus, qui est transmissible seulement entre chevaux, n'est pas obligé d'être déclaré, le Centre aurait pu vaquer à ses occupations sans porter la moindre attention à ce triste événement. Mais, afin de protéger les chevaux de la région, après discussion avec la vétérinaire, le propriétaire Daniel Bédard a volontairement décidé d'appliquer une quarantaine.
Plusieurs fois par jour, les 53 chevaux sont examinés. « On prend souvent leur température pour être prêt à agir dès les premiers signes », poursuit Laurie. Les pensionnaires, les visiteurs et les élèves ont accès à l'écurie, mais ils doivent appliquer des mesures d'hygiène très strictes. Les visiteurs n'ont plus le droit de toucher aux chevaux pour éviter de contaminer les bêtes. Le programme sports-arts-études équitation et tous les cours continuent leurs opérations, mais plus question d'accueillir des chevaux de l'extérieur pour l'entraînement.
Dans le meilleur des mondes, d'ici 28 jours, si aucun cheval n'a présenté de symptômes, la quarantaine sera levée et les activités poursuivront leur cours normal. Advenant le cas inverse, l'équipe est prête à s'ajuster, voire annuler certaines cliniques prévues en avril. Présentement, dans l'écurie, plusieurs chevaux ont des symptômes apparents du virus, mais certains semblent le combattre. « Une journée c'est un cheval qui est atteint, le lendemain il est correct et c'est un autre qui semble affecté », constate Laurie.
Même si le virus est un cas isolé dans la région, Dre Bédard demande aux propriétaires de chevaux de rester vigilants et d'appeler un vétérinaire aussitôt que des symptômes tels que des troubles respiratoires, de l'écoulement nasal, des difficultés de locomotion et de la fièvre apparaissent.
Dans la prochaine édition de Progrès-Dimanche, Picotte rendra hommage à Conquête, une jument marquante pour le Centre équestre BQH où elle vivait depuis plus de dix ans.