Difficile intégration des minorités

Les minorités visibles et audibles qui immigrent dans la région ont de la difficulté à développer leurs réseaux sociaux. Contrairement aux Français et aux Belges francophones, ils sont désavantagés à leur arrivée au Saguenay-Lac-Saint-Jean.


Ces conclusions sont issues du mémoire Les stratégies de développement du capital social chez les personnes immigrantes au Lac-Saint-Jean, présenté par Judith Camier, organisatrice communautaire pour le CSSS Domaine-du-Roy. Cette recherche a été réalisée dans le cadre de sa maîtrise en études et interventions régionales à l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Auparavant, elle a fait un baccalauréat en études internationales et langues modernes à l'Université Laval. Fille d'un père immigrant, elle s'est toujours intéressée aux nouveaux arrivants. Comme ils s'installent majoritairement en milieu urbain, elle souhaitait en apprendre davantage sur la réalité de leur intégration en milieu rural.

« L'immigration représente une coupure sociale, tout est à reconstruire. Je me suis questionnée à savoir comment ils font pour entrer en contact avec le milieu «, explique-t-elle.



Pour ce faire, elle a divisé les réseaux sociaux en deux catégories : les groupes d'entraide et de soutien psychologique et le réseau professionnel, qui permet de cheminer vers un meilleur statut socio-économique.

« Je me suis rendu compte que les minorités visibles et audibles sont désavantagées. Si ce n'est pas leur cas, et qu'en plus ils ont déjà un capital économique et une formation, ils ont plus de chance de se créer un réseau rapidement. Quand les immigrants sont issus d'une minorité, ils partent avec une prise, et encore plus s'il s'agit d'une femme. Surtout si le couple a des enfants, puisque la femme a l'habitude de favoriser l'intégration sociale et professionnelle de l'homme avant la sienne «, mentionne-t-elle.

Pour réaliser son mémoire, Judith Camier a effectué 15 entrevues pendant l'été, avec huit hommes et sept femmes. La moitié des personnes rencontrées étaient des minorités visibles et audibles, et la moitié des gens avaient des enfants. Tous les immigrants habitaient au Lac-Saint-Jean depuis moins de trois ans.

Portes ouvertes sur le Lac



Selon Mme Camier, l'importance de l'organisme Portes ouvertes sur le Lac prend tout son sens. Même si certains immigrants sont beaucoup plus autonomes, d'autres ont besoin d'être accompagnés dans leurs premiers pas. C'est pourquoi un agent d'intégration les accompagne dans tous leurs déplacements, si nécessaire, afin de les aider à s'intégrer à leur nouveau milieu.

« C'est plus facile pour eux, parce que sans intermédiaire pour les guider, le développement de réseaux sociaux est plus compliqué «, explique-t-elle.

Le directeur de l'organisme, Louis-Michel Tremblay, trouve ce type de recherche très intéressant. Selon lui, l'immigration en région est peu documentée, contrairement à ce qui se passe dans les grands centres.

« Les résultats montrent que le milieu s'organise et s'implique, mais aussi que tout n'est pas gagné. Nous ne pouvons pas nier qu'il y a encore du travail à faire «, a-t-il expliqué.