Un troisième cas de cancer lié au camp de cadets 2010

Un troisième cas de cancer du système lymphatique a été diagnostiqué parmi les quelque 1500 personnes qui ont fréquenté le camp de cadets de la 3e Escadre de Bagotville à l'été 2010, selon une enquête menée par La Presse et Le Quotidien.


Malgré tout, des spécialistes croient qu'il pourrait s'agir d'une coïncidence. C'est aussi la conclusion de la Défense nationale, au terme d'une enquête menée de décembre 2010 à juin 2011. «L'enquête n'a trouvé aucun lien entre la maladie du lieutenant Tassé-Beaudet et celle des deux cadets», a martelé le capitaine de corvette Pierre Babinsky, responsable des relations publiques pour le Québec.

La Presse a révélé il y a deux semaines que le lymphome de Burkitt a été diagnostiqué chez deux jeunes cadets qui partageaient la même tente dans les mois qui ont suivi leur participation à un cours de survie sur cette base militaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il y a deux ans.



Nouveau cas

Nous avons découvert depuis qu'une jeune officière qui était présente au camp à la même période est elle aussi tombée malade par la suite. Cynthia Tassé-Beaudet, 23 ans, de Saint-Donat dans Lanaudière, a été admise à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme en mars 2011. Son diagnostic final était un «lymphome non hodgkinien anaplasique à cellules T».

Ces deux cancers sont des lymphomes non hodgkiniens. Ils s'attaquent tous deux aux lymphocytes, «les globules blancs dont le corps a besoin pour lutter contre les infections», explique la fondation Lymphome Canada sur son site internet.

Les lymphomes non hodgkiniens ont ceci de particulier que leurs facteurs de risque peuvent inclure l'infection par le virus Epstein-Barr (EBV), un virus très commun qui cause la mononucléose infectieuse, notamment. C'est surtout vrai de la forme endémique du lymphome de Burkitt qu'on trouve en Afrique. Ce l'est beaucoup moins en Occident, où cette corrélation n'est pas nécessairement admise, souligne le docteur Bernard Lemieux, hémato-oncologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal.



«C'est une coïncidence qui est très rare, mais ça va être difficile d'aller plus loin que cela, a dit le Dr Lemieux au sujet de ces trois cas. Ce n'est vraiment pas la même maladie.»

La Dre Nathalie Johnson, de l'Hôpital général juif de Montréal, penche vers la même conclusion. C'est d'autant plus vrai, dit-elle, que ces maladies impliquent des transformations génétiques qui prennent généralement du temps. «D'après la littérature, d'après ce qu'on connaît de la maladie, c'est une coïncidence», a-t-elle tranché.

«Beaucoup de coïncidences»

«C'est quand même curieux comme situation, a noté le père de Cynthia Tassé-Beaudet, Rémi Beaudet. Nous ne sommes pas des experts, mais si ces informations peuvent aider l'armée ou bien confirmer certaines choses, nous pensions qu'il était important d'en parler. Parce qu'il y a beaucoup de coïncidences dans cette affaire.»

Dans les semaines qui ont précédé son arrivée à Bagotville, Cynthia Tassé-Beaudet avait voyagé deux mois en Afrique. Selon ses parents, elle a de plus été traitée pour la mononucléose à l'hôpital de Chicoutimi, lorsqu'elle est tombée malade en 2010. Il se souvient que la maladie avait alors été difficile à diagnostiquer.

De plus, entre le 21 et le 27 juillet 2010, 36 cadets avaient été placés en observation médicale pour des symptômes que la Défense nationale décrit comme étant «relatifs à la gastroentérite». «Les tests n'ont pas permis de confirmer un diagnostic au-delà des symptômes apparents», a toutefois précisé le capitaine de corvette Pierre Babinsky.



Enfin, la Défense nationale a décrit les tâches de Cynthia Tassé-Beaudet comme relevant strictement de la surveillance du camp. Mais son père croit qu'elle a aussi donné des cours de survie.

Le lymphome non hodgkinien, qui compte une trentaine de catégories, est au cinquième rang des types de cancer les plus fréquemment diagnostiqués au Canada. Celui de Burkitt est plus rare au pays: chez les moins de 18 ans, on a rapporté seulement 88 nouveaux cas entre 2003 et 2007.