Une mise en demeure condamnée

Régine Laurent a été très sévère envers la direction du CSSS-Maria-Chapdelaine.

Le syndicat des professionnels en soins infirmiers et cardiorespiratoires du CSSS Maria-Chapdelaine ne digère pas du tout d'avoir reçu une mise en demeure de la part de la direction pour l'obliger à cesser tout moyen de pression.


Comme le syndicat à l'impression que la direction utilise un canon pour tuer une souris, on a déployé l'artillerie lourde, hier, alors que la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent, s'est déplacée à Dolbeau-Mistassini pour condamner ce qu'elle nomme «une manoeuvre pour intimider et tenter de faire taire les professionnels».

«Sur le fond, c'est une poursuite bâillon qui tente de brimer et museler le syndicat. Jamais la FIQ n'a accepté d'être muselée par un employeur. La direction touche à un droit fondamental, celui de s'exprimer. M. Brassard (directeur général) va avoir la gloire de regretter d'avoir réveillé la solidarité de tous les membres de FIQ», a clamé en conférence de presse la présidente Laurent.

Mercredi, le syndicat des infirmières a reçu une mise en demeure lui donnant 24 heures pour aviser ses membres que toute forme de manifestation devait cesser et de ne plus exiger la démission du directeur des soins infirmiers.

«Nous avons eu une rencontre spéciale et on ne fera pas ce qu'ils nous demandent. Ça ne fait qu'envenimer le climat qui est rendu insupportable. Nous sommes contre ce que la direction propose pour sauver de l'argent. Ça ne se fera pas sur le dos des infirmières et sur la qualité des soins. Ils ne veulent pas des infirmières, ils veulent des toupies», a lancé Pauline Paradis, la présidente du syndicat.

Venu épauler sa collègue, Nancy Ouellet, du Syndicat des infirmières du CSSS Domaine-du-Roy, a confirmé que deux infirmières avaient quitté l'hôpital de Dolbeau pour celui de Roberval à cause du climat. «Nous avons aussi subi de l'intimidation de la part de la direction et nous sommes ici pour les soutenir. Cette façon de faire brise les partenariats et les rend difficiles à rétablir», a-t-elle commenté.

Les infirmières de Dolbeau-Mistassini ne sont donc pas seules dans leur combat. Martine Côté, du CSSS de Chicoutimi, et Audrey Blackburn, de celui de Lac-Saint-Est, étaient aussi présentes à la conférence de presse.

Le syndicat ne veut pas mettre plus d'huile sur le feu avant le conseil d'administration de mardi prochain, où on devra trancher sur le scénario à privilégier pour couper 100 000$ afin d'atteindre l'équilibre budgétaire. Aucune des propositions du syndicat n'a été retenue par la direction. Le syndicat va réagir après la rencontre.

Régine Laurent affirme que les procureurs de la FIQ sont à préparer un avis pour contester cette stratégie de la direction du CSSS Maria-Chapdelaine et pourrait même déposer des poursuites. «Il s'agit d'ingérence inacceptable en lien avec le Code du travail», a-t-elle accusé. Elle a tenu à déplorer la manière «odieuse» dont l'avocat se serait comporté quand il a remis la mise en demeure au syndicat.

Direction

Le directeur général du CSSS Maria-Chapdelaine, Normand Brassard, affirme qu'il devait envoyer une mise en demeure aux infirmières même s'il savait qu'elle serait mal reçue. «Notre aviseur légal nous l'a conseillé. La mise en demeure est un avertissement et non une poursuite pour que cessent les propos diffamatoires qui ont été portés envers le directeur des soins de santé. Il a été brimé dans son intégrité et ça, c'est inacceptable. Les propos tenus l'ont profondément affecté et ont eu des répercussions dans sa famille. C'est la seule chose que nous avons exigée. Nous n'avons pas exigé que cessent les manifestations», jure-t-il.

Lpotvin@lequotidien.com