Lundi soir, alors qu'avait lieu la réception annuelle de l'AAC, à Montréal, le ministre Sylvain Gaudreault s'est engagé à épauler les trois grandes alumineries canadiennes. Selon lui, l'aluminium québécois jouit d'un avantage notable en ce sens qu'il est le plus environnemental de la planète.
«L'avenir se conjugue avec la diminution des gaz à effet de serre, il se conjugue avec la lutte aux changements climatiques. L'aluminium est un métal qui répond à ces critères», a-t-il déclaré en entrevue.
Plus tôt, alors qu'il s'adressait aux centaines de convives présents, le ministre Gaudreault a insisté sur l'importance qu'accordera le gouvernement aux projets novateurs qui mettront l'aluminium à l'avant-plan. Il a notamment évoqué les transports collectifs alimentés à l'énergie électrique, l'industrie de l'automobile, de même que les infrastructures routières, dont les ponts, qui pourraient inclure davantage d'aluminium.
Pour le président de l'AAC, André Martel, le discours de Sylvain Gaudreault est très réaliste. Également président d'Aluminerie Alouette, il accueille ainsi avec enthousiasme la volonté gouvernementale de capitaliser sur le caractère écologique de l'aluminium.
«Je pense que le ministre a très bien capté ce potentiel et qu'il est prêt à travailler pour que le Québec se développe à travers l'aluminium. Nous sommes un des grands joueurs mondiaux et nous produisons l'aluminium le plus vert. Il faut profiter de ces avantages. Et s'il y a un endroit où l'on doit donner l'exemple, c'est bien au niveau des donneurs d'ordres. Si on exige plus d'aluminium dans les appels d'offres, il y en aura davantage. Si on persiste avec l'acier et le béton, exclusivement, il n'y aura pas de développement à travers l'aluminium.»
Depuis trois ans, l'industrie travaille d'arrache-pied afin de démocratiser l'aluminium. Celui-ci est aujourd'hui enseigné aux ingénieurs, lesquels pourront mieux l'intégrer aux grands chantiers. Un code a d'ailleurs été élaboré pour les infrastructures et les ponts.
«C'est un gros pas puisque ça habilite les gens à utiliser le matériau. Maintenant, il faut créer une habitude. Mettre en place une culture de l'aluminium», explique le directeur général de l'AAC, Jean Simard.
Comme Sylvain Gaudreault, Jean Simard prend pour exemple l'avènement des autobus électriques, fabriqués d'aluminium.
«Lorsqu'on parle de réduire de 25% l'émission de gaz à effet de serre, on se tourne toujours vers la grande industrie. La contribution d'un matériau comme l'aluminium dans les transports, dans les autobus, va elle aussi nous aider à atteindre cette cible. Si on n'essaie pas, c'est pratiquement impossible. Le Québec a 111 ans d'histoire avec l'aluminium. Nous ne sommes éveillés à tout ce potentiel que depuis une dizaine ou une quinzaine d'années, tout au plus», poursuit le directeur.
Les ponts
Jean Simard enchaîne en abordant la transformation de l'aluminium, un créneau qui doit être perçu de façon beaucoup plus large qu'à l'heure actuelle.
«Souvent, les gens qui parlent de transformation pensent à fabriquer une nouvelle roue d'automobile. C'est l'image qu'on utilise toujours. Mais ce n'est pas nécessairement l'application la plus appropriée pour l'aluminium au Québec, en terme de production. Il y aura toujours quelqu'un, quelque part, qui va produire en série des millions de roues moins chères que les nôtres. Par contre, comment quelqu'un de la Chine va-t-il créer des structures de ponts pour nous battre? C'est impossible.»
Jean Simard croit fermement que les ponts représentent un terreau exceptionnel pour le Québec. Rien qu'en Amérique du Nord, on dénombre entre 250 000 et 300 000 infrastructures qui devront être modernisées dans un avenir prochain.
«Les ponts existants reposent sur des structures fatiguées. On a le choix entre mettre quelque chose de plus léger ou les remplacer et tout recommencer. C'est là que l'aluminium prend tout son sens», conclut-il.