Des années de persécutions laissent des traces

L'homosexualité est un sujet très tabou dans les résidences pour personnes âgées.

Jusqu'à la fin des années 60, l'Église considérait les homosexuels comme des pécheurs, la médecine comme des malades mentaux et la loi comme des criminels.


Répressions et violence; les homosexuels ont dû affronter bien des préjugés. Si, aujourd'hui, l'homosexualité est moins tabou, cela n'a pas toujours été ainsi. Et les personnes âgées vivant avec une orientation sexuelle « non conventionnelle » se remémorent ce qu'elles ont vécu jadis.

« Il faut comprendre que les homosexuels âgés de 70 ans aujourd'hui ont vécu la répression des années 60. Ils ont peur de devoir faire encore face aux préjugés, lorsqu'ils déménageront en résidence. Ces personnes préfèrent se taire. Mais elles ont peur », souligne le directeur général de la Ligue des droits et libertés du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Normand Bernier.

« Ce que nous voulons, c'est préparer les intervenants à accueillir les aînés des minorités sexuelles en résidence. Il faut rendre la vie plus facile à ces aînés, car ils s'inquiètent et n'osent pas parler de leur homosexualité. Certaines générations ont pu avoir une homosexualité plus ouverte et acceptée. Mais ce n'est pas le cas des personnes âgées », estime de son côté le président de la Fondation Émergence et de Gai écoute, Laurent McCutcheon.

D'hier à aujourd'hui

Avant la fin des années 60, les tribunaux considéraient l'homosexualité comme un acte de grossière indécence, passible de poursuites et de condamnation criminelle. Les homosexuels étaient victimes de la répression policière, ecclésiastique et populaire.

En 1968, des gais et lesbiennes sont pour la première fois interrogés à la télévision de Radio-Canada à l'émission Dossier de Bernard Derome. L'une des invitées, Jeannine Mahès, est poursuivie, emprisonnée et internée quelques jours après l'entrevue.

(La suite dans la version papier du Progrès-Dimanche)