Les deux parties restent sur leur position

Une centaine de travailleurs étaient sur la ligne de piquetage, cet après-midi, à l'Usine Alma.

Les négociations sont toujours rompues entre la direction de Rio Tinto Alcan et ses quelque 780 syndiqués de l'Usine Alma. Le conflit de travail est pratiquement inévitable, même si la direction se dit toujours prête à discuter.


Devant le refus de la direction d'aller plus loin dans les discussions, la partie syndicale a quitté la table des négociations sur le coup de 11h, ce matin. «Nous sommes déçus que le syndicat ait rompu les négociations. Mais nous sommes toujours disponibles pour parler, et ce, jusqu'à minuit», a indiqué la porte-parole de la multinationale, Claudine Gagnon. Même si la direction se dit encore prête à discuter, elle ne reviendra pas sur ses offres, qui étaient finales et globales.

La partie syndicale se dit également prête à discuter, si la direction change de position. «On va rester disponibles. S'il y a un changement de position, on est là, mais pour l'heure, ça ne donne rien de s'entêter. On a l'impression de perdre un petit peu notre temps», a déclaré le président syndical.

Mobilisés plus que jamais

Sur la ligne de piquetage, hier après-midi, la centaine de syndiqués étaient mobilisés plus que jamais. Les travailleurs, qui étaient plus d'une centaine présents à l'entrée de l'usine, se disaient prêts à vivre un conflit de travail. D'ailleurs, les syndiqués rencontrés n'avaient plus aucun espoir de connaître un dénouement positif d'ici la fin de la journée.

La présente convention prend fin dans sept heures. À minuit, la direction pourra exercer son droit de lock-out, autant que les syndiqués pourront exercer leur droit de grève. «On ne fait pas de grève, ils (les dirigeants), nous ont sacré dehors cette nuit. C'était un lock-out déguisé et la convention était encore active», a affirmé un travailleur, qui a préféré ne pas donner d'entrevue officielle.

Jean-Marc Crevier sur les lignes

Le représentant régional de la FTQ, Jean-Marc Crevier, est venu appuyer les syndiqués présents sur la ligne de piquetage, en début d'après-midi.

«Je suis derrière eux à 100%. Les syndiqués ont une mauvaise presse, il faut changer ça. Leur combat n'est pas une question de salaire, mais une question d'emploi de qualité. Il faut se battre, car RTA en aura jamais assez.», a indiqué M. Crevier, sous les applaudissements de la foule.

L'appui des automobilistes semblait fort, près des lignes. On n'hésitait pas à klaxonner les syndiqués, chaudement emmitouflés et prêts à affronter le temps froid.

Au moment d'écrire ces lignes, le président syndical, Marc Maltais, était allé se reposer quelques heures chez lui, après plusieurs heures sans sommeil.

Quelques patrouilles de la Sûreté du Québec étaient stationnées près des lignes, afin de s'assurer qu'il n'y ait pas de débordement.

En milieu d'après-midi, deux hélicoptères de RTA ont survolé le secteur, avec à leur bord des cadres de l'entreprise. Ceux-ci se dirigeaient vers l'usine. Évidemment, les syndiqués ont hué l'engin, en feignant de lancer des balles de neige.

Expulsion

À minuit 45 précise, dans la nuit de vendredi à samedi, quelque 150 agents de sécurité ont envahi l'Usine Alma et ont exigé aux travailleurs présents de quitter les lieux sur-le-champ. Ce sont les cadres qui ont pris le contrôle des opérations de l'usine almatoise de Rio Tinto Alcan (RTA).

Selon la version rapportée par le président du Syndicat des travailleurs de l'Aluminium d'Alma, Marc Maltais, cette expulsion s'est faite de façon sauvage. «Une job de cochon. Ils ont sorti le monde en maudits sauvages. Ils leur ont donné des sacs de poubelles dans lesquels étaient leurs vêtements et leur ont dit de partir immédiatement. Rio Tinto vient de déclencher la guerre. Ils ont amorcé les hostilités, mais nous sommes prêts. Nous sommes ici pour de bon», a affirmé Marc Maltais.

Après le rejet massif des offres finales et globales par les syndiqués, vendredi matin, les rencontres entre les parties patronales et syndicales s'étaient toutefois poursuivies, à la demande du médiateur gouvernemental. À minuit, vendredi, les parties étaient toujours à une même table. Les pourparlers s'étaient interrompus à minuit et demi, soit une quinzaine de minutes avant l'arrivée des autobus nolisés par la compagnie. Ce matin, les discussions ont repris à 9h, avant de s'interrompre deux heures plus tard. Depuis ce temps, les deux parties n'ont plus eu d'échange. Le point le plus litigieux demeure l'emploi de main-d'oeuvre en sous-traitance. «Non aux emplois à rabais», peut-on lire sur les pancartes des syndiqués présents sur la ligne de piquetage.